NANTES EN BRETAGNE
Après avoir été un état indépendant pendant 800 ans la Bretagne a perdu son indépendance en 1532. Elle est restée une province dotée dun parlement jusque en 1789. Mais ce nest que depuis une cinquantaine dannées que la Bretagne est divisée administrativement. Le décret de Vichy du 30 juin 1941 crée une " Région Bretagne " sans la Loire Inférieure, rattachée malgré les élus nantais à une " Région Loire " dont Angers est la capitale. Le mal est fait car lors de la création des régions en 1972 les dirigeants politiques français, pourtant issus de la Résistance, trouvent bien des attraits à la décision prise par le gouvernement collaborationniste de Vichy.
Avec la mondialisation, le 20ème siècle, au moins dans sa seconde moitié, est le triomphe de léconomie. Pour juger des conséquences de la partition et des intérêts de la réunification il nest pas inutile de se situer sur ce terrain. Nous vivons aujourdhui dans un monde où les distances sont réduites. Si lon caricaturait un peu on pourrait dire que Rennes et Nantes sont en train de devenir la banlieue de Paris. Songeons quon va bientôt pouvoir se rendre en 1 heure 25 minutes de Rennes à Paris, et en 1 heure 49 minutes de Nantes à Paris en TGV. Cest presque aussi rapide que lavion, en tenant compte du fait que le train emmène les passagers de centre ville à centre ville. On touche là au noeud du problème. Comment faire pour que la région parisienne ne se développe encore plus au détriment des autres régions, et et en ce qui nous concerne, au détriment de la Bretagne ? La réponse est simple. Seule une grande concentration urbaine peut faire contrepoids à la région parisienne. Les politiques lont dailleurs bien compris, puisque ils préconisent une collaboration accrue entre les Pays de La Loire et la Bretagne administrative. Quels sont les deux grands pôles urbains dans ces deux régions ? Les deux villes de Nantes et de Rennes. Lorsque les politiques parlent de rapprocher les deux régions cest donc en priorité Rennes et Nantes quil veulent rapprocher, même sils ne le disent pas ouvertement. Pour rapprocher ces deux villes il est absolument nécessaire de mettre en place des relations rapides entre elles. On pourrait imaginer relier Nantes et Rennes en train en 30 minutes. Ce nest pas actuellement la politique qui est poursuivie sur le plan ferroviaire puisque le seul souci de nos dirigeants est de rapprocher Nantes et Rennes de Paris. Cest bien sûr utile mais il est aberrant que ce soit la priorité.
Dans le cadre actuel les liens entre les deux villes ne sont que timides et la concurrence est plus que jamais présente. Si Nantes et Rennes étaient regroupées dans une même région administrative il en irait tout autrement. Rennes et Nantes ne seraient plus concurrentes mais complémentaires. A ce sujet dans le document « La Bretagne Réunifiée pour lEurope » le Comité pour lUnité Administrative de la Bretagne (CUAB) écrit :
« La partition soppose à une vision globale des intérêts et de laménagement de la presquîle. Voyez notre système de transport : il forme un tout dans lequel lestuaire de la Loire joue le rôle de principale porte à cause de sa position géographique et de ses équipements (route, rail, port, aéroport). De même la Loire maritime est la base des réseaux dénergie (électricité et gaz). Comment la région Bretagne peut-elle concevoir un aménagement régional sans intégrer la Loire Atlantique dans les schémas de développement ? Ce serait beaucoup plus facile avec la réunification. » |
REPERES La protestation contre le démembrement de la Bretagne a commencé 1941. Au lendemain du décret du 30, le peintre Michel Noury dépose un bouquet devant la statue dAnne de Bretagne. A partir de 1972, le mouvement B5 organise la résistance : en 1976 une première grande manifestation (7 000 personnes) parcourt les rues de Nantes. En 1981, le mouvement se dote dune structure permanente, le CUAB, dont le premier président fut Patrick Mareschal, lactuel premier adjoint de Nantes. Lobjectif na pas varié : obtenir que la région Bretagne corresponde aux 5 départements bretons selon les vux de la population. - CUAB 3 rue Harrouys 44000 Nantes Tel :02.40.85.38.42 - Le CUAB présente une émission tous les Mardi sur Alternantes FM (98.1 Mzh) |
Il est un autre domaine où la Loire-Atlantique gagnerait à réintégrer la Bretagne administrative, cest celui de lidentité. Nantes souffre de limage de la région Pays de La Loire qui na pas une identité aussi prononcée que la Bretagne . Dailleurs le directeur du comité dexpansion de la Chambre dAgriculture des Pays de La Loire, A Guichard, ne déclarait-il pas dans le Nouvel Ouest du 30 mai 1998 : " Nous sommes partis dune volonté politico-administrative et nous ne sommes pas parvenus à faire passer le message auprès des industriels... Cest une perte dramatique. Dautres pays européens tels que lAllemagne, le Portugal , ou lEspagne communiquent énormément sur des marques régionales. Et ça fonctionne très bien. Nous navons pas, comme en Bretagne, une identité culturelle et historique suffisamment forte ". Non seulement Nantes a tout intérêt à collaborer davantage avec lIle et Vilaine et le Morbihan, mais elle profiterait en plus de limage positive de la Bretagne. On le voit avec le label Produit en Bretagne qui permet aux entreprises participantes de communiquer sur limage positive de la Bretagne et ainsi de mieux vendre leurs produits. |
Ne serait-il pas plus logique de créer une grande région Ouest ? Certains, comme Pierre Méhaignerie le souhaitent. Dans une lettre du 12-11-1998 au Comité Pour lUnité Administrative de la Bretagne Luc Dejoie, le président du Conseil Général de Loire Atlantique écrit : " Les deux régions Bretagne et Pays de La Loire ont toujours, elles aussi, fait prévaloir la coopération inter-régionale. Il est vrai dailleurs que dans le cadre de lélargissement de lEurope, nos régions françaises pourraient opportunément se regrouper afin datteindre la masse critique nécessaire face aux grandes régions de certains pays membres... La Loire Atlantique, toute comme dautres départements, trouverait pleinement sa place au sein dun grand ouest élargi et recomposé au service dintérêts généraux communs ". Mais de même que les Pays de La Loire sont aujourdhui une région artificielle tournée en partie vers Paris il en irait de même dans le cadre de lunion des deux régions. Quel point commun entre Brest ou Quimper et Le Mans ? Il y en a-t-il déjà entre Nantes et Le Mans ? Sans commentaire. A lheure de lEurope il faudrait de vraies grandes régions, nous dit-on. Cest oublier la taille du Luxembourg ou de la République dIrlande, pas plus grande que la Bretagne avec ses 4 millions dhabitants.
En réalité la solution est ailleurs : pour quune région puisse exister dans le cadre européen il faut quelle ait un gouvernement, et un budget autrement moins ridicule que nen ont les régions françaises actuellement. Si lEcosse, la Catalogne, les Landers allemands peuvent se défendre et créer des emplois cest grâce à leur budget. Dans son livre " Bretagne et Grand Ouest " le géographe nantais P.Y Le Rhun écrit : " Avoir la taille européenne nest pas une simple question de chiffres. Cela signifie plutôt jouer un rôle dans les échanges européens, disposer dune personnalité géographique et culturelle reconnue hors des frontières nationales. Cest bien le cas de la Bretagne... ".
La Loire Atlantique réintégrera-t-elle un jour la région Bretagne ? Certains éléments plaident en faveur du rattachement . La population de la Loire Atlantique est en majorité favorable à cette solution puisque le sondage TMO Régions effectué du 22 au 25 février 1999 auprès de 803 personnes de plus de 18 ans montre que 68% des sondés se déclarent tout à fait daccord (28%) ou plutôt daccord (40%) au rattachement. Mais il ne faut cependant pas se faire dillusion. Il existe une politique de propagande visant à accréditer le fait historique des Pays de La Loire. Et bientôt les jeunes, à qui on essaie de faire croire quils sont des Pays de Loirains finiront par ladmettre. La politique de France 3 va aussi dans ce sens. Cest la raison pour laquelle le projet de télé de Patrick Le Lay, même sil ne satisfait pas totalement les bretonnants va, au moins pour les défenseurs de la Bretagne réunifiée, dans le bon sens. Il sadresse à tous les Bretons de la Bretagne historique, ce qui est très important.
Car la question de lunité administrative de la Bretagne est avant tout une question sentimentale. Si tous les Bretons, ceux de Loire Atlantique mais aussi des autres départements le veulent elle se fera. Sils ne le veulent pas la situation restera en létat. Pour terminer on peut à ce sujet citer Jean-Yves Cozan qui déclarait à la manifestation du 6 mars 1999 à Nantes : " Il faut multiplier dès maintenant les solidarités concrètes entre la Loire Atlantique et le reste de la Bretagne. Apprenons à faire des choses ensemble pour que la fracture créée par Vichy sestompe. Un pays est légitime quand les gens pensent quil est légitime... ".
Les militants de Ni Hon-Unan étaient présents à la manifestation du 6 mars à Nantes. Ils le seront encore lannée prochaine et aussi longtemps quil le faudra.
Ni Hon-Unan interpelle la Ministre de lAménagement du Territoire A loccasion de sa venue à Brest le 8 juin dernier, pour un meeting électorale, Dominique Voynet a dû déployer tout son talent doratrice pour répondre à une question de REJIS SIMON, le nouveau porte-parole de NHU. Ce dernier, au nom du mouvement et devant le parterre habituel délus de la région brestoise, a demandé à la ministre comment il était possible dappeler à la réunification de la Bretagne et, dans le même temps, de constater quil était impossible pour un adhérent de son mouvement en Loire-Atlantique, de faire partie des « Verts de Bretagne». Si la réponse évasive de la ministre de lenvironnement ne fait que confirmer que la politique est dabord lart de répondre sans répondre, il reste que sur le sujet de la réunification, Dominique Voynet rejoint Dan Ar Braz sur au moins un point ; « Le jour ou les Bretons seront suffisamment nombreux pour voter pour les partis qui défendent réellement cette idée, certainement que ce problème nen sera plus un ».
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