LA LOIRE-ATLANTIQUE EN BRETAGNE ?
68% des habitants de Loire-Atlantique sont favorables au rattachement à la Bretagne. Mais samedi, 2500 personnes seulement ont défilé dans les rues de Nantes. Une mobilisation nettement insuffisante aux yeux du ministre de l'Intérieur, pour envisager un référendum.
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Le musicien Dan Ar Braz le clamait, samedi, à Nantes avant le départ du cortège : "Tant que nous ne serons pas 30 à 40 000 dans la rue, la question de la réunification de la Bretagne ne pourra pas être résolu. Avec des politiques à la botte des partis parisiens, il n'y a pas de solutions. Encouragé par des sondages réalisés, le Comité pour l'Unité Administrative de la Bretagne (CUAB) a le sentiment que l'idée du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne fait son chemin. Pourtant, la faiblesse de la mobilisation populaire reste un frein puissant, de nature à encourager la prudence des responsables politiques, le plus souvent sceptiques à l'idée d'un redécoupage administratif, générateur d'un effet "de dominos", pour reprendre l'expression de François Fillon, président de la région "Pays-de-Loire".
Dimanche soir, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur invité du "Club de la presse" d'Europe 1 rejetait toute idée d'un rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne : "3 000 personnes dans la rue, dans un département qui compte plus de 800 000 habitants, ça ne vaut pas un référendum.La liberté de manifestation existe mais, ce n'est pas parce qu'il y a 3 000 pèlerins dans la rue, qu'il faut un référendum. D'autant qu'en cas de rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, que deviendrait Nantes capitale régionale des Pays de la Loire ?"
Samedi à Nantes, une bonne partie du cortège était constituée de militants venus des quatre autres départements. Ici les jeunes guingampais de Emgann, là les tout nouveaux Ni Hon-Unan (Nous-mêmes) de Ploudalmézeau, un peu partout les piliers de l'UDB.
La conversion d'un capital sympathie en véritable mobilisation populaire constitue aujourd'hui le principal défi du CUAB. Au-delà des rappels historiques et des références identitaires, le CUAB a conscience qu'il convient de construire un véritable projet. Ce lundi, une délégation sera reçue par Luc Dejoie, président du Conseil Général de Loire-Atlantique, pour porter l'idée d'une "triple appartenance" : à la Bretagne (constituée des cinq départements), à l'Armorique (vaste domaine s'étendant de la Normandie au Poitou-Charente), à l'espace celte (reprenait le concept de l'arc atlantique, des "celto-saxons" du nord au "celtibérico-latins du sud). Pour le CUAB, Nantes doit être définie comme un lieu géographique utile à ces trois vocations. "La Bretagne, et plus particulièrement l'estuaire de la Loire, représente le "terrain neutre" où des alliances peuvent se conclure, où des projets, particulièrement maritimes peuvent s'élaborer."
Yves SHERR
Ouest-France - page Région - du 08.03.1999